La carte scolaire et le collège unique

Analyse de la suppression de la sectorisation scolaire (dite « carte scolaire ») et de la
fin du collège unique et leurs conséquences.

Carte scolaire : système définissant l'établissement fréquenté par un élève en fonction du secteur géographique où il habite.
La carte scolaire, par la rigidité qu'elle établit, favorise la mixité sociale et l'échange culturel, ainsi qu'un apprentissage égalitaire sans distinction particulières.
Bien sûr, il existe des écoles plus ou moins difficiles selon les quartiers, mais un changement à ce niveau relève d'un changement global de politique qui viserait à gommer les différences sociales, et non à les accentuer comme sait si bien le faire l'actuel libéralisme.
    1) Une attaque tri-dimensionnelle.
    A. Une attaque politicienne.
Cette idée de suppression de la carte scolaire est lancée à la veille des élections présidentielles. Nicolas Sarkozy avance le projet du « libre choix », dans l'objectif non-avoué de flatter les parents dont les enfants obtiennent de médiocres résultats, quel que soit leur classe sociale. Ainsi, en exploitant leur ressentiment, il s'assure un électorat socialement large. Il tient donc un doublediscours, n'hésitant pas à critiquer la ségrégation sociale que lui et ses prédécesseurs ont entretenu à grand coup de politique libéral. Il peut ainsi continuer impunément une politique de précarisation massive tout en conservant une apparence respectable mais trompeuse.
    B. Une attaque sociale.
Dans sa perspective libéral, Nicolas Sarkozy a besoin de s'appuyer sur la classe moyenne. Par la suppression de la carte scolaire, celui-ci lui offre de pouvoir envoyer ses enfants dans des établissements prestigieux, afin qu'ils s'élèvent socialement. Les enfants de la classe moyenne ne seront ainsi plus obliger de fréquenter ceux des classes populaires, malheureusement victime de préjugés sur leurs attitudes. Nicolas Sarkozy espère, par cette manœuvre, désolidariser ces deux classes, qui, dans cette division, oublieront l'exploitation dont elles sont l'objet par la bourgeoisie : la politique du « diviser pour mieux régner » est le nouveau cheval de bataille de notre actuel
président.
    C. Une attaque idéologique.
Déjà entamées en 2006 par l'attribution à des élèves « méritants » (ayant eu mention « très bien » au brevets des collèges) du libre choix de leur futur établissement, les attaques contre l'égal accès à l'éducation se perpétuent dans la suppression de la carte scolaire. En effet, la conception très « droitière » du mérite, ouvrant des droits spécifiques et donc inégales, s'inscrit de façon légale avec la disparition de la sectorisation scolaire. Selon leurs aptitudes et origines sociales, les élèves se verront offrir soit une éducation prestigieuse, soit une éducation au rabais. Et bien sûr, les classes populaires, par leur manque cruel de moyens, seront largement confinées dans ce dernier choix. Ainsi, c'est le blocage de l'ascenseur social qu'est l'éducation et l'isolement d'une jeunesse défavorisée qui deviendra la main d'œuvre servile et rentable qu'attend le patronat.
    2) Tri social et confinement.
Lors d'une interview donné au Monde (1er Juin 2007), une journaliste demande, à propos des motifs de dérogations : « Et si c'est seulement pour rejoindre un « meilleur » établissement ? », Xavier Darcos précise : « Ce motif ne pourra pas être retenue tout de suite. Même si je le trouve tout à fait recevable. Pourquoi refuser à un élève de choisir, dans l'intérêt de sa scolarité ? ». Ce dernier confirme et accepte donc l'existence d'établissement « meilleur », et donc d'autre « moins bons ». Mais sous prétexte de laisser le « libre-choix » aux famille, on le laisse surtout aux chefs d'établissements. En effet, les familles, toutes classes confondues, vont accourir dans les établissements les plus prestigieux, ce qui forcement entrainera un « tri ». Un tri, qui à défaut d'être définit sur une base géographique (ce qui reviendrait à recréer la carte scolaire), sera établi sur des critères sociaux et de mérites (deux critères intimement liés par le fait que les résultats scolaires dépendent fortement de l'environnement social et des moyens engagés (voir 3) Quelques chiffres ). Comme l'écrit la journaliste de libération du 28 mai : « Comment imaginer qu'une fois la carte scolaire supprimée, ils puissent attirer des élèves hors du quartiers ? », en parlant des « collèges ghettos plantés au milieu des cités ». Un directeur d'un de ces d'établissements s'insurge : « Nos 10 % de bons élèves partiraient dans de meilleurs établissements, et nous resterions avec les moins bons, encore plus ghettoïsés ». Le président de l'Observatoire des Inégalités, dans ses écrits du 20 mai, nous fait remarquer : « L'assouplissement va se transformer en un vaste jeu de choix de l'école, non pas pour les catégories populaires, mais pour les catégories situées juste en dessous des plus favorisés, dison  des 15 % de parents les plus diplômés... Les écoles les moins réputées vont se vider de ces éléments moteurs, renforçant encore la fracture sociale scolaire. » C'est donc l'égalité devant l'éducation qui est remis en cause. Bien qu'insuffisamment respectée, ce n'est pas en supprimant la carte scolaire qu'elle sera mieux établit, mais bel et bien en changeant de cap idéologique, en adoptant une véritable politique répondant aux exigences des classes populaires et moyennes en établissant l'égalité et la liberté comme principe fondateur.
    3) Quelques chiffres.
































On aperçoit clairement sur cette étude disponible à cette adresse :
ECOLE DEMOCRATIQUE, que plus la liberté de choisir son établissement scolaire est réduite, moins l'origine sociale influence les résultats.



































La remise en question du collège unique, c'est à dire d'un apprentissage commun jusqu'en seconde,
là où se fait le choix de l'élève, est d'une extrême gravité. En effet, Nicolas Sarkozy veut établir une sélection plus précoces, à 12 ans au lieu de 14, ce qui ramènerait l'indice actuelle de la France (sur le graphique à 0,61) à 0,30. Et l'on aperçoit clairement dans l'étude ci-dessus que cela entrainerait de fort écart de résultat, et cela en fonction de l'origine sociale. C'est donc une nouvelle attaque idéologique contre le service publique d'enseignement, qui, une fois de plus, remplissait trop bien sa tâche pour un gouvernement souhaitant voir apparaître une jeunesse docile qui serviraient les intérêts de rentabilité du marché.

La suppression de la carte scolaire et du collège unique, sous couvert de laisser « libre-choix » aux familles, n'est en fait que la continuité de la casse du service publique d'enseignement qui se voit ainsi fracturer en son sein par les multiples disparités qui existeront entre établissements. Disparités sociales et économiques, pour la plus grandes jouissance de Nicolas Sarkozy et sa politique libérale. Ainsi, notre actuel président, fait honneur à son idéologie de précarisation tout en trompant les classes modestes à qui il laisse miroiter une chance d'élévation sociale. Nous nous devons de contrer cette politique de paupérisation et d'appauvrissement des savoirs et moyens. Nous devons insuffler à l'éducation une politique nouvelle, certes, mais en faveur des classes défavorisés, et non pour satisfaire les besoins des élites !
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :